Les marottes de l'Homme, c'est un peu comme celles des hommes. Elles viennent d'on ne sait pas où, se fondent sur des principes arrivés de nulle part et sont entretenues par des gens dont on aurait parfois bien voulu qu'ils ne croisent pas notre chemin.
Au cours de l'hiver 2009, l'Homme s'est réveillé un matin animé d'un nouvel amour: celui du Mountain Bike.
Ses sources d'inspiration? Un ami à moi, un collègue à lui, ses passion d'ingé pour les trucs et les machins un tant soi peut techniques (Aaaah ce cadre de vélo en carbone, ces amortisseurs de la NASA, ces freins qui freinent trop bien parce qu'ils sont en schmukmachin!
Moi qui pensait qu'il se laisserait un jour influencer par son paternel et qu'il opterait pour le cyclisme à la Lance Amstrong, me voilà quelque peu déçue. Point de cycliste du dimanche rentrant sagement pour le rôti de midi. L'Homme s'est décidé pour la version gadoueuse du tour de France. Quitte à pédaler, autant le faire dans de grosses flaques d'eau toute sales histoire de renter recouvert d'un fond de teint ultra-naturel.
Et dire que des femmes paient des fortunes pour se faire faire des masques de boue...
Bref. Tout ça pour vous dire que l'Homme est parti.
Non: nous n'avons par rompu. "Nous" va bien, merci.
Mais le collègue cité ci-dessus a encouragé mon Homme a mettre son vélo dans une grande boîte et à prendre la direction de l'Espagne histoire de se faire quelques miliers de kilomètres en Moutain Bike.
Quand l'Homme m'a annoncé ça, j'ai vaguement murmuré un "Ah oui, bien."
A traduire: "Tu vois pas que je suis en train de lire Cosmo, là?" + "Chouette: ça me donnera de bonnes bases de négociations quand je partirai une semaine à Paris pour faire les soldes".
En plus ça me permet d'avoir l'air d'être une nana trop cool, genre "Mon mec se casse 2 semaines sans moi et ça me dérange pas".
Effectivement ça ne me dérange pas. Enfin juste quand les gens que je connais me regardent comme une pauvre malheureuse.
"Ooooh. DEUX semaines? SANS TOI?"
A traduire: "Ooooohhh mon diiiieuuuu! Mais il la trompe! Son couple va sûrement super mal! C'est la rupture assurée!".
Dans ce genre de cas j'évite alors stratégiquement de préciser en plus qu'il me tape parfois sur les nerfs. Parce que (rayer la mention inutile): il a laissé trainer son verre par terre, il m'a pas amené le petit-déjeuner au lit, il me snobe pour travailler sur sa thèse, il me dit que je devrais me faire belle plus souvent, il veut pas m'épouser, il....
Toutes ces raisons qui m'ont aussi fait dire au début: "Chouette! Un peu d'air!".
Une semaine plus tard, j'ai un peu fait le tour de l'air.
Etre célibataire en CDD, c'est sympa!
Ca permet de recevoir des gens chez soi à pas d'heure quelque soit leur nationalité ("Chériii! Y'a des Français qui débarquent! Tu vas être largué, tu auras beau te donner du mal pour faire honneur aux invités tu comprendras rien, mais bon..."), on peut sortir jusqu'à pas d'heure sans louper la partie la plus intéressante de la nuit, on pourrait même boire et fumer si on en avait envie. Et pourquoi pas carrément flirter avec des mecs en soirée?
J'ai mis du MUSE et du John Butler Trio à fond sans voir de regard désespéré surgir du fond du salon. Je peux jouer de la flûte à fond sans faire souffrir les oreilles de quelqu'un.
J'ai pu regarder les Germany's Next Top Models sans mourir de honte et si ça m'éclate, je peux m'enfiler Pocahontas ET Nemo le poisson rouge A LA SUITE!
A part ça?
A part ça quand je fais à manger, c'est pour moi toute seule et c'est nul. Et puis quand je rentre chez moi le soir, à part mon ballon de gymnastique, personne me dit bonsoir.
Si j'ai besoin d'un câlin parce que la journée a été pourrie et que j'ai pleuré tout mon maquillage pendant qu'on me massacrait la jambe, ben y'a personne (les peluches pas très chaudes ne comptent pas).
Et puis même si il n'est pas la personne que je crois quand elle le dit, il n'est pas là non plus pour me dire que je suis trop balèze et que je vais tout fracasser.
Quand mon congélo décide de ne plus s'ouvrir, y'a personne pour s'occuper de résoudre le problème à ma place.
Y'a plus personne pour laisser trainer ses assiettes par terre, faire tomber des cacahuètes sur le sol, se tourner et taper d'un air concentré sur son clavier pour taper une formule compliquée mais colorée...
On s'y fait sûrement, on s'y fait même. Il suffirait juste que je me souvienne comment j'y étais parvenue avant et ça reviendrait sûrement aussi vite que le vélo.
Mais il ne me reste plus qu'une semaine à tenir.
Ou une semaine dont je devrais profiter?
Naja...
Mal schauen! :-)