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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 23:21

 

 

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  Dans mon précédent article, je vous avouais avoir récemment pensé à poster de nouveau sur ce blog. Pourquoi ? Qu’a-t-il bien pu m’arriver de si intéressant pour que j’ai eu envie de le partager avec le monde entier ? (autre qu’une découverte sur un yaourt, j’entends…)

 


J’ai bien réfléchi à la façon dont j’allais annoncer ça. Avec ou sans suspens, avec ou sans violons, avec ou sans vidéos. J’ai même pensé à une mise en scène bollywoodienne où des tas de gens se mettraient à danser et chanter en rythme dans les rues de Bali mais par manque de budget, je dois me contenter d’une phrase plutôt banale :

 

Il s’avère que le 15 avril dernier, j’ai couru le marathon de Paris.

 

 

Ne vous laissez pas manipuler par la simplicité flagrante de cette phrase (qui concurrence tellement le réalisme cru, violent et limite pornographique de « L’autre jour, je mangeais un yaourt » ; je sais, je sais…).

 

Derrière cette phrase se cachent :

-       Environ 6 mois d’entraînement, y compris un footing à 8h du matin un lendemain de réveillon de Noël

-       De looooongs mois horribles sans fêtes et sans alcool

Mais aussi et surtout :

-       Une équipe de Lapins Crétins totalement fans

-       42 km de course dont 7 km de douleur

-       Un bonheur intense dans les 500 derniers mètres

-       Beaucoup beaucoup d’eau, des bananes, des oranges, des gens, beaucoup de gens…

 

Voilà donc pour l’introduction.

 

Je vous avoue que pour le corps du récit, je me suis posé la même question. Peut-être qu’une troupe de danseur bollywoodien en bodys, collants en lycra et baskets de running trois pointures trop grandes aurait pu aider. Malheureusement, toujours pour des raisons de budget évidentes, je vais devoir me contenter de l’écrit. Hésitant toujours dans la façon, je vais essayer…

Tentons l’art poétique pour commencer…

 

« Rentrant de Bruxelles,

N’atteignant pas le chemin de Compostelle,

Claire s’arrêta en la ville de Paris,

Tant mieux lui en pris.

C’était un beau week-end d’avril…. »

 

 

Bon ok : on laisse tomber la poésie ! Peut-être qu’on aura plus de chance avec le théâtre…

 

Mad Cook :  C’est moi !!!

Super Planeuse : Youpiiiii !!!


DSCN0166  DSCN0165


Crazy Freestyler : Bon on t’attends où demain alors ?

Mad Cool : On a regardé ça avec Super Planeuse et le mieux c’est place F. Eboué, rue de Charenton, puis le km 35 dans le bois de Boulogne parce que c’est touuut vide et déprimant, puis à l’arrivée.

Super Planeuse : On va prendre le métro entre le km 35 et l’arrivée parce que si on marche, elle sera arrivée avant nous.

Tous : Ah, ah, ah !

 

Bon ok : on laisse aussi tomber le théâtre. On dirait un épisode d’Hélène et les Garçons. Ou toute autre AB Production…

 

Rien de mieux donc que le narratif : ça déchire à tous les coups.

 


Me voilà donc à Paris en ce week-end d’avril plutôt froid. Accueillie par une super amie de Sciences Po qui me nourrit de pâtes complètes à la sauce tomate pendant deux jours et supporte mes inquiétudes, j’attends que ma sœur préférée fasse son apparition pour me réjouir totalement !

Une fois ma dernière fan arrivée, l’équipe des Lapins Crétins est au complet !!! Armées du plan du marathon, des oreilles de lapins pour les unes/ d’une ceinture de course, de gels sucrés et d’eau pour la 3e, nous voilà fin prête à affronter l’épreuve en commun !

 

Le jour J, je me lève pile à l’heure. Ce qui me laisse le temps de m’habiller, boire un café, lire Oups pour déstresser… Rejointe par ma sœur préférée, je ne vois pas le temps passer : Super Planeuse complète le groupe au moment où je prends le départ. C’est parti pour 30 minutes de métro !!

 

 

J’ai de la chance : Super Planeuse habite pile sur la bonne ligne de métro. Il suffit que je le prenne et que je descende sur les Champs pour être sur la ligne de départ.

Quand je monte, les gens me regarde bizarre. Je suis en collants de course, je porte un T-Shirt bleu pétant avec un dossard et j’ai un truc qui ressemble à un sac poubelle mais qui est un sac en plastique qui me tiendra chaud au moment d’attendre le départ.

Je ne m’étais jamais sentie aussi étrangère. Jusqu’à ce que des tas de gens en fringues de sport bizarres commencent à remplir le métro jusqu’à ce qu’il explose. Moi qui pensais avoir une tenue voyante, me voilà concurrencée !! :-D

 

Le métro s’arrête : c’est notre station. Tous les coureurs descendent. Sortir de la bouche du métro, être aux pieds de l’Arc de Triomphe. Tous ces gens, partout. Courir un peu pour s’échauffer. Ok… Prendre le départ. Prévu pour 8h45.

 

08_photo_generale_1.jpg 


C’est l’attente qui commence. Les départs de font par sas et je suis parmi les derniers. J’attends. J’attends. J’attends. Punaise c’est chiant !!

J’attends aussi la peur ou le stress mais ils m’ont oubliés : je me sens plutôt confiante.

 

Et puis c’est le grand moment : le DEPART. Les hauts parleurs crachent « Aaaaux Champs Elysées » de Jo et je me dis qu’il faudrait que j’apprenne enfin cette chanson.

Go, go, go : je regarde mes pieds qui franchissent la ligne d’arrivée.

Courir doucement, courir doucement : je me suis refroidie, il faut reprendre l’échauffement à zéro ou presque. Je me laisse doubler : on s’en fout, on est là pour finir.

Courir doucement.

 

Les champs : tiens, Lenôtre ! Rue de Rivoli, les Arts Décoratifs, tiens là-bas j’étais allée au Starbucks, et puis le Palais Royal, et puis tiens, je la double. Oh : marrant les Japonais qui s’arrêtent de courir pour prendre des photos ! Oh : des gens qui s’arrêtent déjà ! Tiens, sympa les pompiers du km 5 ! Bon alors : a priori le rendez-vous avec les filles ne devrait plus trop tarder… Ok je reconnais… C’est la bonne place… AH ! Les voilà !

 

14---Rue-Rivoli.jpg


Le premier rendez-vous est un succès : je vois les oreilles de lapin de loin, les Lapins Crétins me voit : le coup de foudre au premier regard !

« Ouééé ! Tu cours super bien ! T’es belle ! »

Deux lapins qui courent à côté de moi, c’est plus que super sympa : ça vous met le baume au cœur. Les cris, les encouragements : tout ça rend mon voisin de course jaloux qui me signale :

« Eh ben ! Vous en avez drôlement de la chance ! Ce sont des super supportrices ! »

Et ouai, je sais : c’est la crème de la crème ! : -)

 

Bon du coup je me reconcentre. Cette partie là, je la connais comme ma poche. Hop, Porte Dorée, hop, St Mandé, hop, Vincennes. Tiens : Vincennes, ce sont les toilettes du coureur. Open Bar : tout le monde s’arrête !

Rester concentrée. Ravitaillement : boire, boire, boire. Premier gel : mieux vaut prévenir que guérir.

Vincennes, c’est grand. C’est pour ça que je m’y perds tout le temps en fait !

Sortie de Vincennes. J’approche la rue de Charenton. Mon MP3 foire. Ah nooon : il ne répond plus ! Houston, on a un problème ! Si je le secoue peut-être ? La méthode russe sinon ? Alleeeez ! Réponds ! Je me vois déjà hurlant désespérée à mes fans : « Mon meupeutrois fonctionne pluuuueuuuu ! ».

Il revit.

Je lève la tête. La boulangerie, la pharmacie, les oreilles de lapin :

« Ouééééé » !!

Je kiffe toujours autant les encouragements, j’emmagasine de l’énergie positive pour les 15 prochaines bornes : le semi est bientôt derrière moi !

 

Cette partie là, je la connais aussi. Jolie petits magasins de créateurs sur la droite. Bastille : bonjour l’Opéra ! Puis gauche, puis les quais. Ah les quais ! Bientôt Notre-Dame ! La voilà ! Quasimodo : j’arriiiiive !!! Tiens, la Conciergerie ! Bonjour Marie-Antoinette ! Une pub pour devenir avocat : ça c’est du recrutement ! Les quais, les quais, les quais, la Seine…

Ravitaillement. Boire, boire, boire.

 

Kilomètre 30.

Jusqu’ici, je n’ai jamais couru plus que 30 bornes en entraînement.

C’est l’Inconnu qui m’attend (avec un grand « I », svp !)

Fais chier : ma jambe gauche est toujours moins musclée que la droite. Ca tire dans la cuisse.

 

31…32…33…34…

Je courre plus lentement ou c’est le temps qui passe moins vite ? Non parce que les km d’avant, je ne les ai pas vu passer. Mais ceux là… Ils sont bien longs ! Pitiéééé ! Faites que la Force soit avec moi !

Et les oreilles de lapin ! Je les ai loupées ou quoi ? Je pensais les voir avant ! Ah nooon : je les ai loupées ! La plus grosse déception de ma vie ! Je vais jamais y arriver !!!

 

Kilomètre 35.

Ok je m’accorde de marcher au ravitaillement. Je m’accorde genre 500 mètres… Ok les bouteilles d’eau… Je marche !

Les oreilles de lapin : LA, LA ! JE SUIS LAAAAEUUUU !!

« Allez ! Allez ! T’arrête pas ! Non, on ne marche pas ! Cours, cours !

-     Tain j’ai mal partout !

-     Mais non t’a pas mal partout ! Allez !! Cours !! T’ES UNE WARRIOR !! ALLEZ : T’ES UNE WARRIOR !!!»

Je cours, Super Planeuse à mes côtés. Ok : c’est reparti. Merci les filles : je vous aime !!!


Photo0145 


Kilomètre 37… Taaaain c’est qui le con qui me donne un coup de couteau dans les cuisses à chaque fois que je pose le pied au sol ? Allez je suis une warrior, je suis une warrior, une warrior, une warrior…. Kilomètre 38…. Bon si je marche maintenant, ça sert à rien : je peux bien tenir jusqu’au km 40. Bon et puis au km 40 je vais pas m’arrêter : il ne reste presque plus rien à courir après. Bon du coup je m’arrête pas…

La négociation entre moi et moi-même me mène au km 39.

 

Kilomètre 40

Donnez moi du suuucreeeuuuuu ! Et de l’ôôôôôô !!

Boire, boire, boire, boire, boire : je veux boire !

Ok : plus que 2 bornes. Deux bornes, c’est du pipi de chat, c’est de la crotte de moineaux, c’est même pas la route pour aller au bureau ! T’es une warrior !!

 

Kilomètre 41

Difficile de décrire le sentiment qui vous submerge quand vous passez la grande porte qui vous annonce : « 41 ».

Comme ça, très sobrement, très distinctement. Vous êtes au km 41. Donc il n’en reste plus qu’un (j’oublie volontairement les derniers mètres).

La joie commence à m’envahir, je me sens pousser des ailes, je cours, cours, cours !

 

Les derniers mètres sont tout simplement incroyables à vivre ! La foule se fait plus dense, les gens applaudissent et crient votre nom, le but est à portée de main !! C’est fatal : je commence à pleurnicher comme une gamine à qui on aurait annoncé qu’elle allait rencontrer Justin Bieber dans sa loge. Je manque de m’étouffer dans mes hoquets nerveux quand, ça y est, je les vois : LES OREILLES DE LAPIN !!!

« Ouuuuaiiii ! Vas-yyyy ! »

Cette fois-là, je me suis dit que le service de sécurité allait leur sauter dessus pour avoir couru à mes côtés. Pas du tout. Les encouragements me font retrouver l’air, je pleurniche toujours comme une ado mais je respire ! La voilà : la ligne d’arrivée ! Tous ces gens ! Ouaaaa !

 

42,195 km

Quelques mètres plus loin, je regarde mes pieds qui franchisent la ligne d’arrivée. Ca y est, c’est fait.

Je pense à quoi ? A tout et à rien. A tout ce qui m’a traversé la tête quand je courrais : tout et pas grand-chose, des détails, des instants.

Mes jambes me font mal mais finalement bien mois que ce à quoi je m’attendais. Les volontaires sont là, adorables, à distribuer les médailles, les T-Shirts et de quoi boire et manger.

J’appelle.

Je tente de battre un record du monde du nombre d’oranges avalées en 1 minute. Je le bas.

Je bois.

Je souris comme une débile.

Je cherche.

 

Les oreilles de lapin !!! OUAIIIIIIII !!!

 

DSCN0174

 

On l’a fait ! Du super travail d’équipe, un team spirit à tout épreuve, 42 km réussis grâce à vous !

 


Je sais que cet article ne comptera pas parmi les meilleurs moments de la littérature française. C’est finalement une longue suite d’instants, une énumération de fragments. Finalement je n’ai pas vraiment choisi : le choix s’est imposé à moi. Je ne voyais pas comment raconter ça autrement. J’espère que j’apprécierai de lire cet article dans quelques années, quand je repenserai à ce tout premier marathon dans ma vie : le marathon de Paris.

 

Un moment, très bon moment de ma vie.

 

DSCN0175

 

MERCI !!

 

 

 

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commentaires

K
Ah ouais quand même ! Et donc t'as pas mangé de Krapfen cette année ? :p
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V
<br /> <br /> Ben non. Mais j'avoue que je ne les aime pas donc ça n'était pas un grand sacrifice. Par contre j'ai gefastet tout ce qui était sucré et le chocolat, ça, ça<br /> m'a manqué! :-D<br /> <br /> <br /> <br />